blog littéraire DENYS-LOUIS COLAUX 2

30.09.2013 13:43
 
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JOZEF DANYI

Chez le photographe tchèque JOZEF DANYI, celui qui cherche éperdument et trouve le regard des femmes (comme un rayon de soleil trouve le vitrail), j'aime la quête d'un plasticien qui va, dans le respect d'une aventure pleine d'exigences, de trouvailles en trouvailles. Il y a, comme chez le grand couturier, une ligne somptueuse, une griffe racée et précieuse combinée à une formidable liberté artistique. Danyi semble, photographie après photographie, constituer une sorte de somptueux alphabet de la grâce. Il a le génie pour très subtilement insérer un trait, une ligne de couleur dans une composition presque en noir & blanc. Il y a une formidable veine picturale chez ce type méticuleux et inventif. Tout chez lui est nouveauté, originalité, invention, tout possède au moins un zeste d'inédit, tout sort de l’œuf encore intact de la photographie. Il vient d'inventer la chose. Il me paraît à la fois extrêmement futé et doué d'une grande sensibilité qui vibre en chacune de ses créations. Car dans cet art très haut de gamme, il y a une chaleur singulière, une ardeur, une vivante et frémissante présence de l'émotion. Cela me donne l'impression d'être simultanément beau et proche, un réel fruit de l'art et un instant de belle humanité. En fait, j'aurais, aujourd'hui, souhaité voir un grand nombre de photographes mais je demeure dans l'hypnose des photographies de Danyi et il ne me faut rien d'autre ce soir. Je veux demeurer dans les scintillements de ce filon fécond, dans l'aura de ces icônes, dans leur grâce et parfois même dans leur envoûtante singularité, je veux baigner dans cette atmosphère de raffinement chaleureux. Je parlais de singularité, car oui, certaines œuvres semblent ouvrir l'éventail d'un mystère, créer une ambiance dans laquelle un peu d'inexplicable, d'inconnu ou de secret se prend, certaines encore semblent le début d'un scénario, d'un film, d'une histoire. Elles ont le pouvoir d'émettre quelque chose, le pouvoir encore de solliciter et de déclencher l'imagination du regardeur. Ce sont des créations fertiles. Ces images exigent qu'on les regarde avec patience et lenteur, elles exigent la délectation et l'attention, elles ne se laissent pas consommer en vitesse. Elles ont un rythme, un pouls, il faut qu'on s'y plie et c'est agréable de s'y plier. J'aime la façon très chorégraphique dont il orchestre les mouvements intérieurs qui animent ses photographies. Il y a là quelque chose qui danse, qui vit intensément, qui entraîne l’œil du regardeur. Danyi cherche tout autre chose que l'érotisme (rien ne justifie, ceci étant dit, que l'on dénigre l'érotisme), il n'est pas enclin à aguicher non plus, il ne cède à aucune facilité, - disons, au demeurant, que la galerie de Fily et Rommens exclut les facilités -, il navigue sous le pavillon de la beauté, il marche sur la longue route qui donne accès à la beauté, une beauté qu'il forge et définit d'image en image. Voilà, il y a dans le tempérament de ce photographe la subtilité appliquée, enivrée du joaillier et l'obstination enthousiaste, passionnée du chercheur d'or. Mais où qu'il soit, en quelque état qu'il se trouve, à la source ou au terme de l'oeuvre, Danyi est totalement possédé par la contagieuse passion de son art. 

 

https://denyslouiscolaux2.skynetblogs.be/archive/2013/08/25/du-neuf-chez-sensual-photography-7906265.html